La vibration : Des actions peuvent être prises

Tout d’abord, quels sont les effets de l’exposition répétée à la vibration?

Tel que mentionné en introduction, l’exposition à la vibration peut amener des problèmes au niveau du système vasculaire, nerveux et musculo-squelettique. En effet, concernant le système vasculaire, la vibration amène une vasoconstriction des artérioles causant ainsi une diminution de la circulation sanguine. Ce facteur s’accroit lorsqu’une personne utilise un outil qui nécessite une préhension élevée. Parfois, on observe que les doigts d’une personne utilisant ces outils puissent devenir blancs et ressentir des picotements ainsi que des engourdissements. Au niveau du système nerveux, la vibration peut amener une sollicitation importante du système nerveux sympathique causant par le fait même une vasoconstriction importante des artérioles. Cela occasionne des problèmes sur ce système notamment en diminuant la sensation de toucher, la dextérité et la force musculaire. Finalement, concernant le système musculo-squelettique, la vibration peut causer des raideurs, des douleurs, des limitations articulaires et même des lésions osseuses. En effet, lorsqu’une personne utilise un outil vibrant, la perte de sensibilité et de dextérité provoque une augmentation de la préhension sur l’outil. La préhension se définit par l’action de tenir un objet ou un outil avec la main en générant un minimum de force. Ainsi, la vibration se transmet plus facilement dans le système main-bras et cause un risque plus élevé de développer une blessure.

La vibration est l’un des facteurs de risque qui cause l’apparition d’un TMS telle que les tendinites, le syndrome du tunnel carpien, etc. Le membre supérieur (système main-bras) est souvent le plus touché à cause de l’utilisation des outils vibrants. Bien que les risques reliés à la vibration ne soient jamais nuls, il est important d’agir sur cette problématique puisque les effets s’accumulent dans le temps. Ainsi, plus on agit rapidement, moins les risques de développer un TMS sont élevés.

Maintenant, quelle action peut-on prendre afin de diminuer les risques lorsqu’un travailleur est exposé à la vibration ?

1. Agir à la source du problème

Bien qu’il soit difficile d’enlever complètement la vibration, il peut s’avérer très bénéfique pour un travailleur de réduire le niveau de vibration. Si l’achat d’un outil est prévu, il est important de documenter le niveau de vibration qu’il occasionne. Souvent, on a tendance à opter pour des petits outils en pensant qu’elle engendre moins de vibration. Cependant, la grosseur de l’outil n’est pas toujours un bon indicateur. Plusieurs normes existent afin d’évaluer et comparer le niveau de vibration. De plus, il est recommandé d’opter pour un outil à haute vitesse lorsque celui-ci génère des vibrations de haute fréquence. Généralement, les fabricants de l’outil indiquent ces informations. De plus, l’achat des outils électriques est souvent conseillé puisqu’elle n’occasionne pas de vibration.

Une autre action qui peut être prise est de réduire le niveau de vibration. Concernant les outils, une anomalie dans une sableuse, une meuleuse, une visseuse, etc., peut amener l’augmentation du niveau de la vibration. Ainsi, faire la maintenance de l’équipement régulièrement réduira le niveau de vibration. Ces actions agissent directement sur la source du problème et minimisent de façon considérable les risques de développer un TMS puisque l’intensité est induise.

2. Agir au niveau organisationnel

Bien qu’il soit intéressant d’agir à la source du problème, il n’est pas toujours possible pour un travailleur ou une entreprise de le faire. Par exemple, les soudeurs et les mécaniciens doivent utiliser des outils vibrants par la nature de leur travail.  Heureusement, il est possible d’agir au niveau organisationnel sans engendrer des coûts faramineux. Premièrement, le risque relié à la vibration dépend de la durée et de la fréquence d’exposition. Ainsi, une entreprise peut instaurer une rotation entre le personnel afin de réduire la fréquence et la durée d’exposition des travailleurs. Le tableau ci-dessous, présenté par le centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, décrit la durée maximale de l’utilisation d’un outil en fonction de la fréquence de vibration. Si ce n’est pas possible, il peut être intéressant de diminuer la durée d’utilisation de l’outil. Il est plus bénéfique pour une personne d’utiliser un outil vibrant plus souvent, mais moins longtemps que le contraire. Le fait de réduire la durée et d’espacer les périodes d’utilisations réduit les risques de façon considérable. Par exemple, il est plus bénéfique pour un travailleur de sabler un meuble une heure par jour que faire 5 heures de sablage en une journée. Dans le cas où il n’est pas possible de faire une rotation de personnel et d’espacer les périodes d’utilisations d’un outil, il devient important de prendre des micro-pauses afin de permettre aux différents systèmes de récupérer.

3. Agir sur la personne

Outre les actions à la source et organisationnelles, il est important d’informer les travailleurs sur les risques reliés à la vibration. En effet, notamment à l’aide d’une formation, il est possible pour les travailleurs de développer des modes opératoires efficients en fonction de leur activité de travail et des risques qu’il englobe. En minimisant les postures contraignantes, la vibration aura moins d’effets sur le système main-bras. De plus, il est recommandé aux travailleurs de minimiser la force de préhension sur l’outil afin de réduire la transmission de la vibration et d’induire son intensité. Il serait intéressant de relâcher l’outil régulièrement, par exemple toutes les 3 minutes, afin que les récepteurs du système main-bras bénéficient d’une micro-pause.

Dans tous les cas, il est important pour les travailleurs de faire des exercices d’échauffements et d’activations puisque les effets et les risques reliés à la vibration sont plus importants dans un contexte où le corps n’est pas échauffé.  Cela est plus important avec l’utilisation des outils pneumatiques, car elle renvoie de l’air froid sur les mains et l’outil se refroidit.

4. Agir sur d’autres actions connexes

Finalement, plusieurs petites actions peuvent être prises pour diminuer la transmission de la vibration. Voici quelques-uns de ces actions :

• ajouter une poignée antivibratoire sur l’outil. Par exemple, on peut ajouter sur la poignée d’une meuleuse un matériel comme le caoutchouc qui isole la vibration. Ainsi, la vibration est diminuée.
• ajout d’une seconde poignée sur l’outil afin de minimiser la préhension sur l’outil. Il est important d’utiliser les deux bras dans cette situation. Il faut donc s’assurer que la tâche le permet.
• placer l’outil sur un système zéro-gravité
• porter des gants antivibratoires adéquats pour la tâche à exécuter. Si les gants ne sont pas adéquats à la tâche, le travailleur peut augmenter la préhension sur l’outil et par le fait même augmenter la transmission de la vibration au système main-bras. De plus, chaque travailleur a des préférences différentes. Il faut alors procéder à des essais.
• identifier les facteurs de risque d’un poste de travail
• donner une formation aux travailleurs
• faire une maintenance préventive des outils
• changer les outils lorsqu’ils sont trop usés

CONCLUSION

En guise de conclusion, la vibration est un facteur de risque important dans le développement d’un TMS chez les travailleurs. Afin de diminuer ce risque, il est important de concevoir un poste ou d’acheter un outil en prenant en compte la vibration. Sinon, il est nécessaire d’évaluer le risque, de rechercher des solutions et d’engager les actions. Puisque les risques reliés à la vibration s’additionnent dans le temps, plus on agit vite sur ce facteur, moins les répercussions auront de l’ampleur. Plusieurs suggestions d’actions ont été énumérées dans cet article. Cependant, il est nécessaire, voire primordial, d’adapter ces actions en fonction de votre problématique et de votre situation de travail.