Lorsqu’il est question d’investissement en santé et sécurité au travail, l’ergonomie devrait faire partie intégrante du plan d’action. Selon l’Institut Nationale en Santé Publique du Québec (INSPQ), plus d’un million de travailleurs Québécois sont atteints d’un trouble musculosquelettique (TMS) non-traumatique (Source : Les troubles musculosquelettiques liés au travail : un fardeau humain et économique évitable. INSPQ, Janvier 2021).
En 2019, le rapport annuel de gestion de la CNESST rapportait un coût de 2,3 milliards de dollars associés aux frais de traitements, de médicaments et de remplacement de salaire versés par la CNESST. De ce montant, plus du tiers étaient est attribuable aux TMS.
Il est facile de se laisser impressionner par ces montants faramineux, mais il ne faut surtout pas oublier le bouleversement que ces TMS engendrent au niveau de l’organisation du travail, mais également l’impact de ceux-ci dans la vie quotidienne et professionnelle des employés touchés. Ces données nous indiquent l’importance de bien planifier ses actions en termes d’ergonomie.
Avez-vous déjà songé à une stratégie claire à ce sujet? Voici quelques pistes de réflexion pour que votre investissement et vos actions soient efficients.
Où se situe votre entreprise dans la prise en charge de l’ergonomie?
Voici la question initiale qui se pose ici : est-ce que vos actions sont préventives ou réactives?
Certains diront que toutes actions peuvent être qualifiées de préventives, qu’il s’agisse de formation, de coaching ou d’analyse de postes de travail. Cependant, chacune de ses actions doit être effectuée au bon moment pour avoir un maximum d’impact.
Voici un exemple concret : une entreprise décide de faire appel à des ergonomes pour offrir une formation à ses superviseurs ainsi qu’à ses employés puisque le nombre de TMS est en constante augmentation. Les assignations temporaires fusent de partout et on doit gérer plusieurs arrêts de travail et retours au travail. La direction se croise les doigts pour que la sensibilisation aux bonnes méthodes de travail fasse son effet rapidement et que le taux de TMS diminue.
À première vue, la stratégie semble bonne et on suppose que ces actions vont prévenir la survenue de nouveaux TMS. Cet exemple est pourtant le modèle exact d’actions réactives en lien avec l’ergonomie!
Quelle serait alors la meilleure stratégie pour prévenir et contrôler les risques de blessures?
Étape #1 : Analyser, comprendre et réduire les risques
Cette étape est cruciale afin d’établir des bases solides pour nos futures actions en ergonomie. En effet, avant toutes interventions sur les comportements individuels et organisationnels, il est primordial d’analyser les risques et les tendances de notre organisation en termes d’ergonomie. Il faut connaître les principaux risques et la nature des incidents survenus. Un audit et des évaluations ergonomiques permettent de recueillir plusieurs informations pertinentes pour investir aux bons endroits et mieux gérer ses risques.
Cette étape peut également inclure l’accompagnement de l’équipe d’ingénierie dans le but de prévoir de futurs aménagements de postes de travail en tenant compte des normes établies en ergonomie.
Étape #2 : Formation et sensibilisation
Une fois les risques et les tendances bien connus et identifiés, des actions visant à soutenir la gestion des risques peut être envisagée. Par exemple, il peut être souhaitable de mettre sur pied des activités de formations pour mieux accompagner les superviseurs dans leurs objectifs en ergonomie. Aussi, des formations théoriques et pratiques en ergonomie peuvent être proposées pour les soutenir dans certaines tâches qui exigent une contrainte particulière.
Parallèlement à ces actions, d’autres programmes peuvent être mis en place, comme l’activation en milieu de travail par exemple (exercices de micro-pauses et activation en début de quart).
Malgré toutes les bonnes intentions et la planification de notre stratégie en ergonomie, il est possible que des blessures de types musculosquelettiques surviennent occasionnellement. On peut tout de même faciliter la gestion de ces cas en prévoyant un programme d’assignation temporaire ou l’accompagnement de l’employé par un ergonome lors du retour au travail. Ceci peut aider à éviter les récidives et augmenter les chances d’un retour au travail réussit.